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LE MUSICIEN DE PROVINCE

manifester sa reconnaissance étaient trop insuffisants, il disait en montrant son front chauve : « Pour vous, je vous réserve quelque chose de rare, une mèche de mes cheveux. »

Ce fut encore à sa calvitie qu’il pensa le jour où M. Grillé avait évoqué devant Celine le souvenir d’Arvers.

Il en résulta les vers que j’ai retrouvés et que voici :

Ma poire a son secret, ma tête a son mystère,
Un crâne déplumé en un moment tondu
Le mal est sans remède, aussi j’ai dû me taire
Le coiffeur qui l’a fait n’y a jamais rien vu.

Hélas ! j’aurai passé beaucoup trop aperçu
Montrant dans les salons un genou solitaire
En essayant tous les traitements de la terre,
Attendant mes cheveux et n’ayant rien revu.

Et ma peau, quoique Dieu l’ait faite douce et tendre,
Supporte la fraîcheur discrète et sans attendre
Le cher duvet absent et ne repoussant pas ;

À mon chapeau melon pieusement fidèle
Elle dira baisant ses bords tout remplis d’elle
« Pourquoi se peigne-t-il ? » et ne comprendra pas !

À la tombée du jour, on rencontrait Octave et Roger dans les rues de Turlurelle ; ils déambulaient tantôt impassibles, tantôt riant très haut, sans contrainte, comme des enfants.