Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/101

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la fin de la campagne, de sorte qu’en suposant des projets qu’il est fort éloigné de vouloir exécuter, il lui est fort aisé d’en imposer à la meilleure partie de ses chefs. Si ceux qu’il congédie font les mutins, il les chasse du pays et quelquefois les fait massacrer sur la route. Or, dès l’entrée de la campagne, la certitude où sont presque tous les chefs de recevoir un aussi mauvais traitement, fait qu’ils sont de la plus grande négligence dans le service, et qu’ils sont plus portés à la trahison. À mesure que l’ennemi approche, le mécontentement éclate ; il devient bientôt général. On n’entend partout que des menaces ; et la veille d’une action le soubahdar ou le général est toujours assiégé dans sa tente. Je doute fort qu’il se soit jamais donné de combats de Maures à Maures, sans que le général de l’une ou de l’autre armée, fut-ce le soubahdar même, n’ait couru risque d’être assassiné la veille par ses propres gens. Il faut, pour lors, que le commandant entre en composition, il paye ceux dont il a le plus à craindre ou qui sont le plus en état de le servir ; il donne des à-comptes ou de belles paroles aux autres ; et lorsqu’après beaucoup de peines, il croit avoir satisfait la plus grande partie de ses chefs, il est content ; c’est ainsi qu’il passe en dispute le tems le plus précieux qu’il ne devroit donner qu’à de sérieuses réflexions sur les moyens de vaincre son ennemi. Cependant arrive le jour du combat ; chacun se prépare, s’arme de pied en cape, comme