Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/102

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s’il étoit résolu de se jeter à corps perdu sur l’ennemi. Un soupçon de point d’honneur, la crainte de passer pour lâche fait qu’on ne parle que de se bien battre ; on s’exerce, on galope de côtés et d’autres, la lance ou le sabre à la main, on court jusques sur l’ennemi comme pour le braver ; il n’y a point de cavalier qui par ses gestes ne promette d’abbattre au moins dix têtes, mais au moment de l’action les physionnomies s’allongent, c’est à qui s’exposera le moins. Ceux qui sont bien payés ou qui sont attachés par quelque intérêt au commandement se battent, les autres se tiennent hors la portée des coups, s’engagent avec l’ennemi, ou prennent la fuite plutôt que d’être exposés à en venir aux mains.

On peut voir de ce que je viens de dire, combien un nabab ou tout autre puissamment riche devoit trouver de facilités à se révolter ; le parti le plus riche l’emporte toujours, la loyauté, le patriotisme sont des vertus inconnues dans l’Inde. Si quelqu’un fait son devoir, c’est toujours par crainte, seul frein capable d’arrêter les projets ambitieux. Il n’est donc pas surprenant qu’après une révolution telle que celle de Nadercha, chaque soubahdar soit devenu indépendant. Le prince et son vizir étoient hors d’état d’entretenir une armée, comment pouvoient-ils se faire craindre dans un empire aussi étendu ?

Il n’y a jamais ordre dans la succession des empereurs mogols. Le droit de succéder, s’il en