Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/103

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existoit aucun, étoit fondé sur la volonté du prédécesseur, qui, sans égard pour le droit d’aînesse ou de légitimité, nommoit pour le remplir tel de ses enfans qu’il jugeoit à propos, soit qu’il lui appartînt par mariage, soit par des conventions particulières que les Mahometans appellent Nika. Au reste, l’histoire nous prouve que le droit du plus fort a toujours été le meilleur.

On pourroit dire, cependant, que depuis quelque tems, c’est moins le droit du plus fort qui a décidé de l’empire, que le caprice des vizirs. Ces premiers ministres devenus tout puissants par l’imbécilité des Mogols, regardent l’empereur comme un enfant qu’ils font mouvoir comme il leur plaît ; on le tient presque toujours enfermé, de crainte que quelqu’un ne l’enlève ; on le montre au public pour certaines cérémonies. S’avise-t-il de témoigner quelque mécontentement, le vizir le dépose, lui fait crever les yeux, ou le fait assassiner pour faire place à un autre qui n’est pas plus heureux.

On peut datter la chute des empereurs mogols du règne de Farukcheir qui fut élevé au trône par la révolte de deux puissants seigneurs de la cour, dont l’un fut vizir, déposé et assassiné par les mêmes personnes en 1718. Depuis ce tems, ce ne sont plus les empereurs qui ont gouverné, mais les vizirs ou les Omrahs Roffioulderdjat ; son successeur ne régna que deux ou trois mois, fut assassiné par ceux que j’ai déjà nommés, et rem-