Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/105

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été tenté de s’asseoir sur le trône ; ce n’est pas, je m’imagine la volonté qui leur aura manqué, ni même le pouvoir, mais à quoi cette démarche leur auroit-elle servi ? À les rendre plus malheureux. Aucun des soubahdars n’auroit voulu reconnoitre un vizir pour empereur ; tous auroient secoué le joug et se seroient fait proclamer souverains dans leurs viceroyautés. Par conséquent plus d’appui, plus de ressources pour la cour de Delhy qui, n’étant pas en état de se soutenir elle même, seroit bientôt devenue la proye de quelque prince gentil. Delhy et ce qui en dépend immédiatement ne vaut pas d’ailleurs la peine qu’un vizir prendroit de s’en faire souverain. La qualité de vizir, son pouvoir revêtu du nom d’un descendant de Tamerlan, est bien plus étendu ; malgré l’anarchie qui règne, ce nom est encore respecté dans bien des endroits ; il en tire des ressources qu’il ne pourroit pas avoir, s’il agissoit en son propre nom.

À l’égard du gouvernement des soubahs et autres provinces, il est constant qu’il n’y en a jamais eu d’héréditaires de droit, si ce n’est les pays de certains rajas. Si aujourd’hui quelques uns des soubahs paroissent héréditaires, cela n’est du qu’à la foiblesse du prince et de son ministre. On a dit, il est vrai, que Nadercha, vainqueur du Mogol et maître de disposer de ses états, avoit été assez généreux pour les lui rendre, et qu’en conséquence des services qu’il avoit reçus de Nizam