Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/106

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oul Moulouk, il avoit décidé que par la suite, le soubah du Dekan, quoique faisant toujours partie de l’empire mogol, seroit censé l’héritage de sa famille[1] ; mais ce droit, s’il existe, est-il bien fondé ? Si un sujet, en se révoltant contre son prince, est en droit de posséder comme héritage ce qu’il gagne par sa trahison, le prince n’a-t-il pas le droit bien mieux fondé de punir ce sujet, lorsqu’il en trouve l’occasion, et de réunir à son domaine ce que la trahison en avoit détaché ? Aussi, je n’ai jamais entendu dire que la cour de Delhy, depuis le départ de Nadercha, ait regardé sérieusement le Dékan comme l’héritage de la famille de Nizam. Si jusqu’à présent elle en a hérité, c’est à l’impuissance ou est le gouvernement de le lui ôter qu’elle en a toute l’obligation, et je suis persuadé que le premier venu des seigneurs de la cour qui se croiroit en état de s’emparer du Dékan et qui auroit une dixaine de laks à donner tout d’un coup au Mogol, en obtiendroit facilement les patentes. On les donneroit à vingt personnes même l’une après l’autre, dans l’espace d’un mois, non seulement pour le Dekan, mais pour tel autre soubah, ne fut-ce que pour avoir de l’argent, parce qu’en effet la cour de

  1. Cela est d’autant moins vraisemblable que Nadercha, pendant son séjour à Delhy, parut toujours avoir le plus souverain mépris pour Nizam oul Moulouk, jusqu’à lui cracher au nez, le qualifiant de traître à son prince et à sa patrie.