Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/107

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Delhy ne tirant presque rien de ses viceroyautés lorsque les Soubahdars en sont tranquiles possesseurs, il est de sa politique de se dédommager comme elle peut en y suscitant des troubles, et en faisant toujours paroître quelque nouveau prétendant. Du vivant de Nazerdjingue qui avoit ses patentes en bonne forme, Mouzaferdjingue n’eut-il pas la commission de le chasser du Dekan ? Lorsque Mouzaferdjingue fut installé, Salabetdjingue et quelques autres encore reçurent la même commission. Salabetdjingue ne fut pas plutôt soubahdar par l’effet d’une révolution assez singulière, que l’on fît partir de Dehly le vieux Gazioudin Kan avec les patentes de soubahdar.

Comme tous ces gouverneurs que je viens de nommer sont de la famille de Nizam, on pourroit se croire en droit de conclure qu’en effet la viceroyauté du Dekan est regardée comme l’héritage de cette famille, mais il ne faut pas en juger sur les apparences ; cette longue succession, dans la même famille peut faire un effet sur l’esprit des peuples du Dekan ; c’est un droit de prescription à leur égard, mais non à l’égard de la cour de Dehly qui n’a nommé ceux dont j’ai parlé qu’au défaut d’étrangers[1] aussi en état qu’eux de remplir les vues qu’elle pouvoit avoir ; il en est du

  1. On pourroit m’objecter que les princes gentils sont des étrangers très disposés à donner des sommes bien au-dessus de dix laks pour avoir la patente du Dekan ; cela est vrai, mais il est de la dernière importance pour les Mogols de ne pas