Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/108

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Dekan comme du Bengale et des autres soubahs qui demeurent au plus fort ; le succès le plus criminel est toujours suivi de l’approbation du prince ou plutôt du vizir pourvu qu’on ait le soin de lui faire tenir de l’argent.

De toutes les parties de l’empire mogol, il n’y en a point qui représente les troubles qui y regnent plus que le Bengale et ses dépendances ; ce beau pays, le premier de l’univers par la quantité, la variété et la bonté de ses productions, ce pays si riche qui avant la mort du nabab Alaverdikhan étoit comme le trésor de l’Inde[1] entière est tombé depuis 1756 dans l’état le plus déplorable ; ce n’est plus que confusion ; le père est contre son fils, les frères s’entredétruisent, ce n’a été pendant plus de trois ans qu’une scène de trahisons et de massacres qui font frémir. Le soubahdar, tout indépendant qu’il est de son légitime souverain, est devenu le premier esclave d’une puissance étrangère, qui, après s’être approprié, plus encore par la supériorité de sa politique, que par la force de ses armes, les plus belles provinces de cette viceroyauté, n’attend que l’occasion favorable de

    encourager la gentilité ; ces princes gentils, ainsi que les soubahdars, sont déjà trop puissants, pour qu’il n’y ait pas beaucoup de risques à étendre leur autorité.

  1. Le Bengale étoit un gouffre où tout l’argent de l’Inde venoit s’engloutir ; excepté le peu que le soubahdar faisoit passer à Dehly, rien ne sortoit de Bengale, que le Bengale même ne l’eût produit. Les Anglois sont les premiers qui ayent trouvé le secret de lui faire rendre ce qu’il avoit reçu.