Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/113

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Malgré cela il n’étoit pas sans inquiétude. Il craignoit que tôt ou tard les Européens ne fussent tentés de faire de pareilles entreprises chez lui.

Les François, les Anglois, les Hollandois et les Danois avoient des établissements dans le Bengale ; ces derniers étoient si nouveaux qu’à peine étoit-il question d’eux[1]. Pour les Hollandois, la conduite qu’ils avoient tenue jusques là leur donnoit à juste titre la qualité de bons négociants. Contents des belles acquisitions qu’ils ont faites à leur arrivée dans les Indes, de ces isles qui font tout le soutien de leur commerce, ils se soucient peu de s’étendre en terre ferme, où il est si difficile de conserver ce qu’on peut acquérir[2]. C’est donc sur nous et sur les Anglois que tomboient les soupçons d’Alaverdikhan. Je crois même que ce nabab nous honoroit de la préférence. Le combat d’Ambour dans lequel Anaourdikhan, nabab d’Arcate et son frère avoient été tués, la défaite de Nazerdjingue, l’élévation de Moussaferdjingue

  1. Les Danois établis depuis longtemps à Tranquebar, à la côte de Coromandel, n’étaient fixés au Bengale que depuis le 7 octobre 1755. Leur loge était à Sérampor, entre Chandernagor et Calcutta. Les Danois durent en grande partie leur établissement au Bengale à M. de Leyrit, puis à Law et à M. Renault. Il en coûta 130.000 roupies d’avances faites par la compagnie française sans compter les nombreux présents qu’il fallut faire aux principaux officiers du gouvernement.
  2. Les Hollandais ne possédaient dans l’Inde que les factoreries de Chinsura dans le Bengale, Paliacate et Négapatam à la côte de Coromandel, Anjingo et Corhin à la côte malabar.