Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/115

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Ce caractère du nabab paroissoit surtout lorsqu’il venoit à savoir par ses espions qu’on faisoit quelque fortification soit à Calcutta soit à Chandernagor ; la moindre réparation, la démolition d’une maison voisine du fort, il n’en falloit pas davantage pour donner l’alarme. Il y avoit ordre aussitôt de suspendre l’ouvrage. Si, après bien des représentations, le nabab jugeoit que cela ne tiroit point à conséquence, un présent faisoit l’affaire, on pouvoit continuer. Son projet auroit été d’obliger indifféremment toutes les nations à n’avoir point de forts. Vous êtes des marchands, disoit-il plusieurs fois à nos Ouquils et à ceux des Anglois, quel besoin avez-vous de forteresses ? étant sous ma protection, vous n'avez point d'ennemis à craindre. Il eut probablement tenté l’exécution, s’il avoit cru vivre asses pour en voir la fin ; mais le nabab étoit vieux. Ne voulant rien risquer, il se contenta d’instruire son successeur désigné dans la conduite duquel on a eu l’occasion de voir quelques leçons qu’il avoit reçues d’Alaverdikhan.

Caractère de Souradjotdola.

Souradjodola[1] étoit ce successeur, jeune homme de 24 à 25 ans d’une figure très commune. Avant la mort d’Alaverdikhan, le caractère de Sourad-

  1. Il étoit fils de Djindihametkhan, neveu d’Alaverdikhan. Djindihametkhan avoit été nabab de Patna où il fut assassiné en 1747. Alaverdikhan, sensible à cette perte, avoit adopté Souradjotdola pour son fils.