Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/116

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jodola étoit réputé un des plus mauvais qu’on eut jamais connu. En effet il ne s’étoit distingué que par toutes sortes de débauches, par une cruauté qui révoltait tout le monde. Les femmes des Gentils ont coutume de se baigner le long du Gange. Souradjodola qui par ses espions étoit informé de toutes celles qui avoient quelque beauté, envoyoit ses satellites déguisés sur de petits bateaux pour les enlever. On l’a vu plusieurs fois dans le tems des débordements du fleuve faire sursoubrer ou couler les bateaux de passage, pour avoir le cruel plaisir de voir l’embarras de cent personnes à la fois, hommes, femmes, enfants, dont plusieurs ne sachant pas nager étoient sûrs de périr. S’il étoit question de se défaire de quelque seigneur ou ministre, Souradjodola seul paroissoit. Alaverdikhan, pour ne point entendre les cris de ceux qu’il faisoit massacrer, se retiroit à quelques maisons ou jardins hors de la ville. Tout trembloit au seul nom de Souradjotdola. On le croyoit devenu plus humain depuis la mort d’Alaverdikhan ; on en pourra juger par la scène épouvantable que nous présente la prise de Calcutta. Quelque chose que l’on puisse dire pour justifier ce nabab, on ne me persuadera jamais que ces horreurs aient été commises sans sa participation.

Le caractère violent de Souradjotdola, la haine qu’on avoit généralement pour lui, avoient portés bien des personnes à croire qu’il ne seroit jamais