Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/122

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Je fis dresser aussitôt un arzy ou requête, et j’en fis venir un de Chandernagor conforme au mien ; ces deux pièces furent envoyées à Souratjotdola qui en parut satisfait. Il m’écrivit même en réponse qu’il ne nous défendoit pas de réparer les anciens ouvrages, mais bien d’en faire de nouveaux. D’un autre côté les espions qui avoient été envoyés à Chandernagor ayant été bien reçus, bien payés, firent un rapport assés favorable pour nous, de sorte que notre affaire fut assoupie. Il n’en fut pas de même de celle des Anglois.

Les espions du nabab furent, à ce qu’on dit, très maltraités à Calcutta. Au lieu de chercher à appaiser le nabab qu’on croyoit peut-être embarrassé du côté de Pourania, on fit à son paravana une réponse très offensante[1]. Je ne l’ai pas vue, mais des personnes dignes de foy me l’ont assuré. Aussi ce seigneur n’eut pas plutôt entendu ce que contenoit la réponse des Anglois qu’il se leva furieux, et sautant sur son sabre, jura qu’il alloit exterminer tous ces frenghis. En même tems, il donna des ordres pour la marche de l’armée, et nomma quelques djamadars pour prendre les devants. Comme dans son premier accès de colère

  1. Le bruit couroit qu’il y étoit dit entre autres choses que puisque Sourajotdola vouloit que le fossé fut comblé, on y consentait pourvu que ce fut avec des têtes de Maures. Je doute que la lettre contint cette expression, mais il peut se faire que quelques Anglois peu circonspects l’ayent lâché dans leurs discours et cela aura été rapporté au nabab.