Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/124

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porter. On parloit bien aussi d’annuler Juin 1756.      le privilège qu’ont les Anglois de ne payer aucun droit, mais je m’imaginois que cette affaire, comme tant d’autres, finiroit pour de l’argent.

Prise du fort de Cassembazard.

Le quatrième jour, le nombre de cavaliers augmenta. On vit bientôt arriver l’avant-garde de l’armée. Le nabab lui-même avançoit à grandes journées, menaçant de faire donner l’assaut. Le conseil anglois mit sans doute l’affaire en délibération. On consulta des Maures de distinction, et surtout celui[1] qui, jusque là, avoit été chargé des affaires des Anglois, qui fit dire à M. Watts, chef, de venir sans rien craindre au camp du nabab. Le résultat des avis fût probablement que le chef iroit trouver le nabab pour traiter cette affaire, ou l’engager du moins à attendre des réponses de Calcutta. Ces Messieurs croyoient être

  1. C’étoit un nommé Mirza Akimbek ; cet homme avoit eu le plus grand crédit du temps d’Alaverdikhan et avoit suscité aux Anglois des affaires coûteuses, de sorte que pour le mettre dans leurs intérêts ils avoient été comme forcés d’en faire leur guide auprès du nabab ; dans le fonds, c’étoit un coquin ; et nous François nous avions lieu de le reconnoître pour tel. Malgré cela, je doute fort qu’il ait voulu tromper les Anglois dans l’occasion dont il s’agit ; il haïssoit Sourajotdola autant qu’un autre ; il se peut très bien faire qu’il ait été trompé lui-même par le nabab, l’homme du monde qui s’embarrassoit le moins de tenir sa parole.