Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/125

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encore au temps du bonhomme Alaverdikhan, qui content de la soumission du chef l’auroit renvoyé chez lui et se seroit adressé directement au gouverneur de Calcutta, mais Souradjotdola ne s’étoit pas encore assés fait connoitre. M. Watts ne fut pas plutôt rendu au camp qu’on lui lia les mains avec une loque. Il fut forcé de paroitre comme prisonnier. Le nabab le reçut avec toute la fierté d’un souverain irrité, et ordonna de le faire garder à vue. Bientôt la nouvelle en fut portée à la loge angloise dont on jugea à propos d’ouvrir les portes aux gens du nabab. Le landemain il n’y avoit plus ni canons, ni armes, ni munitions dans le fort. L’officier, commandant le peu de soldats qu’il y avoit, se cassa la tête d’un coup de pistolet, plutôt que de se voir prisonnier des Maures. La famille du chef eut la permission de se retirer dans notre loge ; quelques employés s’y réfugièrent aussi, ainsi que chez les Hollandois. Les autres furent mis aux fers et conduits avec les soldats dans les prisons de Morichoudabad.

Telle fut la reddition de cette place des Anglois, où bien des personnes prétendent qu’on auroit pu tenir quelque tems, même assés pour rebuter le nabab et l’obliger à s’accommoder. C’est ce que je suis d’autant moins porté à décider, que suivant les dernières informations et les meilleures que j’aie pu avoir, je connois plutôt le foible que le fort de cette place. Il paroit d’ailleurs probable que M. Watts eut été désaprouvé du Conseil