Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/131

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quartiers de la ville, et fit faire de bons retranchemens à la faveur desquels son canon faisoit un feu terrible. Les Anglois se virent attaqués de tous les côtés en même tems, et forcés d’abandonner les postes où ils se trouvoient trop exposés à la mousqueterie de dessus les maisons ; d’ailleurs ils avoient trop peu de monde pour les garder. On peut dire aussi que la vivacité de l’attaque à laquelle ils ne s’attendoient pas les mit hors d’eux-mêmes. Il n’y eut bientôt plus d’ordre, plus de subordination ; chacun couroit de son côté, faisoit ce que bon lui sembloit ; la suite d’une pareille confusion ne pouvoit être que funeste à l’établissement.

Sans entrer dans tous les détails qui m’ont été faits à cette occasion, et dont je ne peux certifier l’exactitude, j’aime mieux renvoyer le lecteur à ce qu’en ont écrit les Anglois eux-mêmes. Il me suffit de dire que tout ce qu’il y avoit de plus précieux ayant été transporté à bord des vaisseaux, ainsi que les principales familles, environ moitié des officiers, employés, soldats et habitants se trouva aussi à bord des vaisseaux le 19 au soir sans que ceux qui étoient restés dans le fort en sçûssent la raison ; mais le 20, sur quelques manœuvres qu’on apperçut, la consternation, le désespoir s’empara des assiégés. On crut être trahi. À l’exception d’un petit nombre, tout le monde voulut courir aux vaisseaux. Quelques-uns eurent le bonheur d’y être reçus ; mais beaucoup de mestices (métis) tant hommes que femmes furent