Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/132

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noyés en voulant s’embarquer de force. Les vaisseaux appareillèrent dans le plus grand désordre causé, en partie, par le feu qui prit à une petite embarcation : elle contenoit quelques caisses d’argent et beaucoup de femmes mestices, qui tombèrent au pouvoir des Maures.

Cependant le fort faisoit toujours grand feu. Il restoit encore, par l’impossibilité qu’on avoit trouvé à s’embarquer, plus de deux cens hommes avec lesquels M. Holwell devenu commandant tint bon une partie du jour ; mais quelle apparence de ne pas succomber ? Chacun n’en pouvoit plus de fatigues ; les balles des ennemis plongeoient dans la place ; une résistance inutile n’auroit servi qu’à aigrir les Maures, et procurer aux prisonniers un plus mauvais traitement. M. Holwell fit cesser le feu et arbora le pavillon maure ; aussitôt l’ennemi fond de tous cotés sur la forteresse ; les portes cèdent bientôt à leurs efforts ; ils se précipitent comme des enragés, faisant main basse sur tout ce qui se présente. Les assiégés déconcertés regagnent les bastions et se défendent quelque tems ; mais faute de munitions il fallut mettre bas les armes. Malgré cela, la fureur des Maures continuant toujours, plusieurs des assiégés en furent encore victimes. Sur le soir, M. Holwell et deux autres conseillers furent conduits les mains liées devant le nabab qui promit qu’on ne leur feroit aucun mal ; cependant ils ne furent pas plus épargnés que les autres.