Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/133

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Les officiers anglois sont jettés dans un cachot où ils périssent presque tous.

Le carnage cessé, on donna liberté à quelques soldats étrangers qui se trouvoient présents. Le reste au nombre de 146 parmi lesquels on comptoit une femme, trois conseillers, plusieurs officiers et beaucoup de jeunes employés appartenant aux meilleures familles de Londres, tous blessés ou mourant de fatigues, furent jetés dans un cachot si petit qu’il falloit nécessairement se tenir debout pour n’être pas étouffé ou écrasé.

C’étoit le tems le plus chaud de l’année ; une vapeur empoisonnée se fit sentir par le défaut d’air et la grande transpiration des prisonniers entassés les uns sur les autres. La soif devint insupportable ; sur les cris répétés des prisonniers on apporta de l’eau qu’on fit passer dans des chapeaux au travers des barreaux de la fenêtre ; mais les prisonniers se débattans pour en avoir, ce que chacun d’eux put attraper ne servit qu’à nourrir le feu qui les dévoroit tous. Les plus foibles expirèrent en peu de tems, ceux en qui la jeunesse ou la force du tempérament soutenoit encore quelque vigueur devinrent comme enragés. Chacun cherchoit la mort et ne savoit comment se la procurer. Les paroles, les injures les plus piquantes furent employées pour exciter la colère des Maures et porter la garde à faire feu sur les prisonniers.