Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/141

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autorisé par des lettres du vizir, n’aspiroit à rien moins qu’à se faire faire soubahdar, fit marcher son armée dans cette province et la suivit de près. Saokotdjingue avoit bon nombre de partisans dans l’armée de Souradjotdola ; on peut dire en général qu’il etoit aussi aimé que l’autre étoit détesté, sans cependant avoir aussi bien mérité les sentiments qu’on avoit pour lui.

Chacun soupiroit après un changement, et beaucoup de monde se flattoit qu’il auroit lieu. En effet, c’étoit le tems le plus convenable pour se le procurer. Le bonheur et la tranquilité du Bengale en eussent été la suite. Nous aurions même pu prévenir les malheurs qui nous sont arrivés, en contribuant au bien commun dans lequel Mrs les Hollandois se seroient peut-être intéressés aussi. Trois ou quatre cens Européens avec quelques sypayes faisoient l’affaire ; si nous avions pu joindre ce corps aux ennemis de Souradjotdola, nous aurions placé un autre soubahdar, non pas tout à fait à notre gré peut-être, mais, pour éviter toutes les chicanes, au gré de la maison de Jogotchet et des principaux Maures et rajas. Je suis sûr que ce nabab se seroit soutenu : les Anglois se seroient rétablis paisiblement, ils auroient sans doute obtenu quelque dédommagement et s’en seroient tenus là, bon gré mal gré. La neutralité du Gange observée, du moins comme du tems d’Alaverdikhan, eût empêché les Anglois d’envahir le Bengale, et d’en faire passer ces