Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/149

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demain de leur paix faite avec le nabab, savoir le 10 Février 1757. Mais c’est cette précision même avec laquelle ils reçoivent cette nouvelle qui me fait douter de la fidélité du mémoire. Et comment d’ailleurs imaginer que les Anglois qui, jusque là, avoient toujours eu le secret d’avoir des avis plutôt que nous, aient été assés malheureux pour être négligés dans une occasion aussi importante, et pour ne recevoir la nouvelle d’une déclaration de guerre que deux mois après nous ? Cela ne peut être admis. De plus, ils ne peuvent nier qu’ils aient été informés dans le courant de janvier 1757 de la prise de notre vaisseau nommé l’Indien par les leurs. Le fait est que l’amiral Watson, le colonel Clive et deux ou trois autres des principaux savoient à quoi s’en tenir dès le commencement de Janvier. Les raisons pour garder le secret, faire les ignorants, ménager les Français par conséquent, ne sont pas difficiles à tirer des circonstances où étoient les Anglois vis-à-vis le nabab. Ils étoient trop bons politiques pour les négliger. Nous avons bien gardé le secret nous mêmes sans trop savoir pourquoi. D’autres motifs se présentent encore qu’il seroit trop long de détailler, les Anglois ne les ignoroient pas. Quoi qu’il en soit, à peine sçut-on à Morshoudabad l’arrivée de l’escadre angloise, les négociations y furent menées plus vivement ; cela vint au point que sur de faux rapports on crut à Chandernagor que tout alloit être terminé amicalement. « Soyez sur vos gardes,