Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/150

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m’écrivoit-on, il paroit certain que les Anglois vont finir leur affaire ; ayez grande attention à faire assurer la neutralité du Gange, avant que tout soit terminé. » Les suites d’un accommodement étoient en effet assés importantes pour y veiller de près ; mais par tout ce qui se passoit, je voyois assés clairement que la conclusion étoit encore bien éloignée. La sommation faite par M. Clive aussitôt son arrivée n’avoit fait qu’irriter l’esprit altier du nabab qui, enflé de ses succès, ne pouvoit s’imaginer qu’on osât lui tenir tête.

Embarras de MM. du Conseil de Chandernagor.

Nos Messieurs de Chandernagor dévoient se trouver, à l’arrivée des forces Angloises, dans le plus grand embarras, tant du côté des Anglois que de celui du nabab. Ils savoient que la guerre étoit déclarée en Europe ; mais la neutralité du Gange avoit toujours été observée, et l’on étoit jaloux de la conserver. Les Anglois pouvoient bien cependant n’y avoir aucun égard ; vainqueurs du nabab, il leur étoit facile de porter leurs vues plus loin, et de les étendre même sur nos établissements. Du côté du nabab, l’embarras n’étoit pas moins grand. Cette même neutralité que nous voulions conserver, étoit pour le nabab une raison de penser que nous étions toujours plus portés pour ses ennemis que pour lui. Un second refus de lui donner des secours pouvoit par la suite atti-