Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/151

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rer sur nous une vengeance bien plus terrible que celle qu’il avoit tirée de nous après la prise de Calcutta. Nos petits comptoirs étoient à la merci du nabab ; il falloit ou les relever ou pourvoir à leur sûreté.

Année 1757.

Comme membre du Conseil, plus en état qu’un autre par ma position de prévoir ce qui pouvoit arriver, je pris la liberté d’écrire, au commencement de janvier, ce que je pensois, à M. le directeur [commandant à Chandernagor][1]. Mon sentiment étoit fondé sur l’intérêt que les Anglois avoient de nous ménager et de nous amuser par de belles paroles, tant que leur affaire avec le nabab ne seroit pas terminée, sur le caractère inquiet et remuant de cette nation qui la porteroit à nous attaquer aussitôt qu’elle seroit libre, sans égard pour une neutralité qui n’étoit rien

  1. Ce directeur était Pierre Mathieu Renault de Saint-Germain, précédemment chef de la loge de Patna et directeur à Chandernagor, après la nomination de M. de Leyrit comme gouverneur.

    Pierre Renault, né à Châtellerault en 1697, était arrivé dans le Bengale en 1725. Il fut conseiller au Conseil provincial de Chandernagor en 1734, chargé de la loge de Patna en 1746, conseiller des Indes et second du comptoir de Chandernagor en 1754, directeur de ce même comptoir en 1755. Renault fut plus tard nommé conseiller des Indes honoraire et mourut à Chandernagor le 25 mars 1777.