Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/152

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moins qu’obligatoire, puisqu’il n’existoit aucun aucun traité. En effet, quelle confiance pouvoit-on avoir dans une neutralité forcée, dont l’observation n’étoit due jusqu’alors qu’à la crainte qu’on avoit du soubahdar, qui, pour le bien général de son pays ne vouloit pas permettre aux Européens de commettre la moindre hostilité ? Bien plus, c’étoit avec ce même soubahdar que les Anglois étoient en guerre ; s’ils venoient à avoir l’avantage sur lui, que devenoit cette crainte, seul fondement de la neutralité ? J’appuyois encore sur la promesse faite au nabab de lui donner des secours contre les Anglois en cas de déclaration de guerre entre eux et nous : promesse qui existoit par une lettre du gouverneur de Pondichéry nouvellement reçue : « Enfin, disois-je à M. Renault, il faut que les Anglois signent promptement une neutralité de laquelle ils ne puissent revenir[1], ou bien le seul parti qui nous reste, c’est de vous joindre

  1. Nous étions en effet dans le cas de prescrire les termes de la neutralité. Nous pouvions même nous flatter que les Anglois y souscriroient facilement, n’étant pas naturel qu’ils nous missent dans le cas de nous joindre au nabab et qu’ils s’exposassent par là à voir manquer leur expédition ; mais cette neutralité signée de part et d’autre auroit-elle été observée par les Anglois ? j’en doute. Les affaires finies avec le nabab, ils auroient trouvé bientôt un prétexte pour la rompre ; un des moins mauvais eut été probablement une représaille de ce qui s’étoit passé à Madras en 1746, de sorte qu’à dire vrai notre meilleur parti étoit de nous joindre au nabab, quand même les Anglois eussent été disposés à une neutralité.