Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/159

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tralité, nous sommes disposés à renouer cette affaire. Nos députés écrivirent à Chandernagor, mais pour réponse ils eurent ordre de s’en revenir. On sentoit bien à Chandernagor les risques qu’il y avoit à reprendre cette négociation et même à la conduire à sa fin ; le nabab étant aux portes de Calcutta, pouvant battre les Anglois et tomber ensuite sur nous ou faire sa paix avec eux à nos dépens ; on jugea donc à propos de la laisser là. Mais d’un autre côté notre silence sur la neutralité étoit une espèce de refus qui mettoit plus que jamais les Anglois en droit de nous attaquer. Il étoit aisé de sentir aussi qu’en demandant la neutralité, les Anglois craignoient notre jonction avec le nabab[1] ; en effet, si elle avoit eu lieu, les Anglois étoient perdus. Le nabab auroit suivi volontiers les avis que nous lui aurions donnés ; la peur ne le dominoit pas encore ; mais ce n’étoit pas en attaquant vivement les Anglois qu’il pouvoit les réduire. Ceux-ci ne demandoient pas mieux que de voir le nabab se précipiter sur eux ; il étoit de leur intérêt de décider la querelle au plus vite, dans la crainte que nous ne prissions le parti de nous en mêler. Aussi dès qu’ils apperçurent l’ennemi, ils répandirent exprès l’alarme dans Calcutta. Toutes les femmes eurent ordre de se rendre à bord des vaisseaux. Les

  1. [Les mémoires anglois se vantent de nous avoir amusés, pour empêcher cette jonction, ils conviennent qu’ils étoient perdus si elle avoit eu lieu.]