Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/172

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préparatifs, qu’ils avoient même déjà fait défiler des troupes du côté de Chandernagor, il crût devoir prendre ses précautions. Il demanda des secours au nabab qui sur le champ lui envoya deux mille fusiliers et cinq cens cavaliers, promettant qu’il en enverroit de plus puissants s’il étoit nécessaire. M. Renault me fit part de la situation embarrassante où il étoit. Le nabab approchoit de Morshoudabad ; je crus devoir lui faire une visite pour presser de nouveaux secours que M. Renault demandoit.

Je fus introduit par Cojaouazil qui passoit pour l’homme de confiance du nabab par rapport aux Européens ; une bonne raison de cette confiance étoit fondée sur des pertes assés considérables que ce Maure venoit de souffrir à la prise d’Ougly par les Anglois. Mon compliment fini, le nabab me fit passer avec Cojaouazil dans un endroit retiré où il se rendit un moment après. Là, il commença par me questionner sur les forces que nous avions dans l’Inde, sur celles des Anglois, me demanda pourquoi nos vaisseaux ne paroissoient point, pourquoi, étant en guerre avec les Anglois, nous ne lui avions fourni aucun secours, s’il pouvoit compter sur ceux qu’il avoit demandés tant à M. de Leyrit qu’à M. de Bussy. Le nom de M. de Bussy[1] étant répandu dans toute l’Inde,

  1. [Je ne comprends pas comment M. de Bussy n’y est pas entré ; il est venu jusqu’aux portes du Bengale ; s’il y avoit paru, tout le pays échappoit aux Anglois.]