Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/173

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Souradjotdola s’attacha particulièrement à me sonder sur ce qui le regardoit ; il parut satisfait de mes réponses et me prévint qu’après les lettres qu’il avait écrites, il s’attendait que M. de Bussy viendroit bientôt le joindre avec son armée, qu’il comptoit que nous reconnaîtrions par là ce qu’il faisoit en notre faveur, qu’il nous avoit donné bien des privilèges et qu’il étoit prêt d’en ajouter bien d’autres. De là, passant aux Anglois, il me tint à leur sujet plusieurs propos qui me firent bien connoître que la paix qu’il avoit faite avec eux n’étoit rien moins que sincère. Le feu lui sortoit des yeux en en parlant. Je vis bien qu’il ne soupiroit qu’après une vengeance des plus éclatantes. Il me parla ensuite du dessein des Anglois sur Chandernagor, me promît tous les secours nécessaires. Je profitai de ce moment pour solliciter ceux que M. Renault demandoit. Le nabab m’assura qu’il y avoit cinq mille hommes tant cavaliers que fusiliers qui partiroient sous trois jours.

Les Anglois avoient fait partir un détachement pour prendre possession de leur fort de Cassembazard que le nabab devoit leur rendre. Je voulus engager ce seigneur à retenir cette place et à écrire aux Anglois qu’il ne rempliroit les conditions du traité qu’autant qu’ils nous laisseroient tranquilles. Je lui proposois même qu’au cas que les Anglois, sans respect pour ses ordres, vinssent nous attaquer, il eût la bonté de me remettre ce fort. C’étoit