Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/177

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à eux ; mais sans insister sur ce point, convenons de bonne foy, puisque les Anglois en conviennent eux-mêmes, que nous étions [ainsi qu’eux] fort occupés à opposer corruption à corruption, à gagner l’amitié des méchants pour nous mettre au niveau de ceux qui nous et oient contraires. Cela a toujours été et ne doit pas être surprenant dans une cour où le bon droit est compté pour rien, et où, tout autre motif à part, il ne peut l’emporter que par le poids de ce qu’il met dans la balance de l’iniquité. Au reste bon ou mauvais droit, il est sûr que les Anglois ont toujours été en état d’y mettre plus que nous.

La crainte et la cupidité sont les deux premiers mobiles des esprits indiens, tout dépend de l’un ou de l’autre ; souvent ils sont joints ensemble pour produire le même effet ; mais lorsqu’ils se trouvent opposés, la crainte l’emporte toujours. Il est aisé d’en voir la preuve dans tous les événements qui ont rapport à la révolution du Bengale. Lorsque Souradjotdola se détermina à chasser les Anglois, la crainte et la cupidité se réunissoient pour le faire agir. Quand une fois le nabab eut éprouvé lui-même la supériorité des troupes angloises, la crainte prit alors le dessus dans son esprit, se fortifia de jour en jour, et le mît bientôt hors d’état de suivre, souvent même de distinguer ses véritables intérêts. La crainte enfin devint l’esprit dominant du dorbar. Voyons les personnes qui étoient pour nous :