Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/184

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représentant les risques qu’il couroit lui-même en nous donnant des secours qui peut-être ne suffiroient pas pour empêcher la prise de Chandernagor, si les Anglois étoient résolus d’en faire le siège ; que ce seroit ensuite une raison pour eux de l’attaquer. Ils faisoient si bien qu’ils détruisoient le soir ce que je faisois le matin.

Je pris le parti de me rendre chez ces banquiers. Ils se mirent aussitôt sur le chapitre de nos dettes, en me reprochant notre peu d’exactitude à les payer. Je leur répondis qu’il ne s’agissoit pas de cela pour le présent, que je venois auprès d’eux pour un sujet bien plus intéressant qui les regardoit ainsi que nous pour ces mêmes dettes dont ils demandoient le payement et la sûreté. Je leur demandoi pourquoi ils soutenoient les Anglois contre nous ; ils m’assurèrent le contraire, et après bien des explications sur tout ce qui s’étoit passé, ils me promirent de faire auprès du nabab telle démarche que je voudrois. Ils ajoutèrent qu’au surplus ils étoient sûrs que les Anglois ne nous attaqueroient pas, que je pouvois être tranquille. N’ignorant pas qu’ils étoient bien instruits des desseins des Anglois, je leur dis que je savois aussi bien qu’eux quel étoit leur dessein, que je ne voyois pas d’autres moyens de les empêcher de nous attaquer que de presser la marche des secours que le nabab nous avoit promis, que, puisqu’ils étoient disposés à nous servir, ils voudroient bien faire entendre la même chose au