Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/185

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nabab. Ils me répliquèrent que l’intention du nabab étoit d’éviter toute rupture avec les Anglois et me tinrent encore plusieurs propos qui n’aboutissoient qu’à me faire voir que malgré leur bonne volonté, ils ne feroient rien pour nous. Rongitraye, qui étoit leur homme d’affaire et en même tems celui des Anglois, me dit d’un ton railleur : « Vous êtes François, est-ce que vous craignez les Anglois ? S’ils vous attaquent, defendez-vous. Personne n’ignore ce que votre nation a fait à la côte, on est curieux de voir comment elle se tirera d’affaire ici. » Je lui répondis que je ne m’étois pas attendu à trouver un homme aussi martial dans un marchand de Bengale, qu’on se repentoit quelquefois d’avoir été furieux. C’étoit assés pour un tel sujet. Je vis bien que les rieurs ne seroient pas de mon côté ; on me fit cependant beaucoup de politesse, je sortis.

Raison en faveur des Chets.

La conduite des Chets étoit naturelle. Ils avoient tout à craindre de Souradjotdola. Il leur falloit par conséquent un autre nabab, mais sans nous détruire préalablement ou du moins sans nous lier les mains ; l’entreprise eut été difficile ; d’un autre côté nous leur devions beaucoup d’argent. Il étoit donc naturel qu’ils fussent inquiets, voyant les Anglois marcher contre Chandernagor. Sur quoi je suis assez porté à croire que nos ennemis leur firent entendre d’abord que les menaces dont on se