Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/187

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leur faire voir leur propre intérêt dans la prise de Chandernagor, de leur faire comprendre que le grand coup une fois frappé, le nouveau nabab mis, nous pourrions nous rétablir ? Qui les empêchoit d’ailleurs de prendre sur eux mêmes notre dette si un tel engagement avoit été nécessaire ?

Façon de penser singulière du nabab.

Le lendemain de ma visite aux Chets, je me rendis de grand matin au dorbar pour presser le secours. Le nabab me dit de rester chez lui toute la journée, que le soir je me trouverois devant lui avec M. Watts, chef anglois, et que j’aurois lieu d’être satisfait. Il me dit encore qu’une partie des troupes étoit en marche, ce qui étoit vrai. J’eus occasion de faire savoir au nabab, malgré Cojaouazil, ce qu’on tramoit contre lui. J’entrai dans un asses grand détail ; mais le pauvre jeune homme se mit à rire ne pouvant s’imaginer que je fusse assés bête pour donner dans de telles idées. L’air de Souradjotdola marquoit asses cette façon de penser. Cependant il n’y avoit peut-être que de l’affectation. Il haïssoit les Chets, il devoit connoître leur mauvaise volonté pour lui, celle de Jafer alikhan, de Khodadadkhan, de Racdolobram, de quantité d’autres. Pourquoi donc n’a-t-il pas cherché à prévenir leurs desseins ? Je ne vois d’autre raison de cette inconséquence dans sa conduite que l’abandonnement où il se voyoit