Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/188

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par ia maladie de Mohontal. Il ne savoit à qui se fier, ou plutôt il vouloit mieux paroître se fier à ses ennemis dans l’espérance de les amuser, d’en tirer parti en les trompant, jusqu’à ce que l’occasion fut favorable pour éclater ; mais pourquoi donc ne pas continuer ce rôle, pourquoi s’échapper en invectives contre des gens qu’une conduite uniforme, bien ménagée, eût peut-être fait revenir à lui ? C’est que Souradjotdola n’étoit pas maître de son tempérament, qu’il lui auroit fallu autant de fermeté dans l’esprit qu’il y avoit de fourberie, pour que cette dernière qualité pût lui être utile. Dans certains moments, surtout ceux qu’il passoit dans son sérail, entouré de ses femmes, de ses domestiques, le naturel l’emportoit ; Souradjotdola disoit tout ce qu’il avoit sur le cœur ; quelques fois même cela lui arrivoit en plein dorbar.

Sur le soir, M. Watts parut, le nabab lui dit en ma présence qu’il n’étoit pas d’humeur à souffrir que nos deux nations se fissent la guerre dans les pays de sa dépendance, qu’il vouloit absolument que la neutralité fût gardée, ainsi qu’elle l’avoit toujours été. M. Watts répondit qu’il étoit prêt à faire tout ce que le nabab voudroit. Le nabab se fit rapporter tout ce qui s’étoit passé au sujet de la neutralité auquel on avoit travaillé à Calcutta, et demanda pourquoi elle n’avoit pas eu lieu M. Watts répondit que Mrs de Chandernagor n’avoient pas les pouvoirs nécessaires ; je soutins que ce n’étoit pas là la vraie raison, mais bien