Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/192

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nabab avoit donnés à M. Renault sur sa première demande, et qu’en conséquence tout étoit perdu. Les Anglois avoient gagné Nundecomar, fodjedar d’Ougly, qui écrivoit au nabab tout ce qu’ils jugeoient à propos de lui dicter. La ville étoit en effet au pouvoir de l’ennemi, mais le fort pouvoit tenir encore bien du tems.

Les Chets et plusieurs divans qui avoient été consultés sur le champ avoient représenté qu’il ne convenoit plus d’envoyer aucun secours, que les Anglois qui s’étoient rendus maitres de la ville en si peu de tems, le seroient du fort en moins de deux jours et ensuite viendroient attaquer le nabab de Morshoudabad même, qu’il étoit de la prudence de ne les pas irriter ; sur quoi l’ordre avoit été donné à Racdolobram de ne point partir ; on fit revenir même toutes les troupes qui avoient défilé, ainsi que l’artillerie qui étoit déjà bien éloignée.

Je continue cependant mes poursuites. Tout est inutile, malgré les bonnes nouvelles dont j’ai soin d’informer le nabab ; je lui représentai que c’étoit la plus belle occasion qu’il put trouver pour tomber sur ses ennemis, qu’il devoit bien voir que notre fort étoit en état de tenir ; mais que le petit nombre d’assiégés seroit enfin sur les dents et obligé de se rendre. Je l’assurai que les vaisseaux ne pouvoient monter, et en effet j’en étois persuadé. Le colonel Clive savoit bien le contraire. Dans la certitude où il étoit que le fort de Chandernagor