Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/193

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ne tiendroit pas contre le feu des vaisseaux, il ne se pressoit pas de sacrifier son monde qui n’auroit pu être remplacé, et dont il avoit besoin pour l’exécution de ses projets.

Sur ces entrefaites, le nabab est instruit par ses arcaras que les batteries des Anglois n’avoient pas encore endommagé le fort ; il reprend courage et donne de nouveaux ordres pour le départ des troupes. Aussitôt je fais sortir notre détachement pour joindre le secours qui enfin se met en marche commandé par Racdolobram et Mirmoudou. Je leur avois déjà fait toucher quelque argent à l’un et à l’autre ; j’avois de plus fait à Racdolobram un billet conditionnel de 25.000 Roupies dont il m’avoit paru très content et un autre de 15.000 roupies qui devoit lui être remis devant Chandernagor, ce que je comptois payer sur l’argent que le nabab m’avoit promis le jour de ma première visite, et qu’il ne m’avoit pas encore été possible de toucher soit mauvaise volonté du nabab même, soit intrigues des Chets. J’insistai donc encore plus fortement à cette occasion et le nabab donna en effet ses ordres. Malgré cela rien ne me fut payé. C’étoit Racdolobram lui-même qui devoit me faire compter les deux laks ; il partoit, dans l’espèce d’étourdissement où le mettoient cette expédition et la peur [sans doute] de se trouver vis à vis des Anglois ; je ne pus rien tirer de lui. [Son dessein étoit peut-être aussi de tout garder s’il venoit à réussir dans son expédition, sinon, en épargnant