Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/194

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cet argent, de s’en faire un mérite auprès du nabab.]

Le nabab reçoit la nouvelle de la prise du fort de Chandernagor.

L’idée où j’étois que les vaisseaux ne pouvoient monter me faisoit espérer que le secours arriveront encore à tems. Cependant à peine Raëdolobram eut fait cinq cosses que le nabab apprit que le fort étoit rendu. Je soutins que la nouvelle étoit fausse ; elle n’étoit que trop vraie. Raëdolobram me renvoya mon détachement et poursuivit son chemin jusqu’à quinze cosses plus bas pour arrêter les Anglois, au cas qu’ils voulussent monter.

Voilà donc par la prise de Chandernagor l’entrée de tout le pays ouverte aux Anglois, ainsi que cette carrière qu’ils ont parcourue de gloire, selon eux, et de richesses dans toutes les parties de l’Inde ; voilà, par le même événement, le principal endroit du commerce de la compagnie de France, le seul port dans l’Inde où ses vaisseaux pouvaient se réfugier, fermé pour longtemps, une colonie florissante détruite, quantité des honnêtes gens dans toute l’Inde française ruinés ; j’ai perdu pour ma part la valeur de plus de 80.000 roupies en moins de rien. Je me suis vu ruiné par d’autres prises que firent les Anglois tant à terre qu’en mer.

On a dit dans le tems qu’il n’étoit pas bien sur que Raedolobram arrivé à Chandernagor eût pris