Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/205

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Démarche des Anglois pour nous avoir prisonniers.

Les Anglois cependant sollicitoient vivement pour que le nabab nous obligeât de nous rendre. Ils appuyoient leur demande sur le traité de Calcutta ; leurs ennemis étoient censés ceux du nabab, par conséquent il devoit tomber sur nous et nous remettre à eux comme prisonniers. Ce n’étoit pas tout à fait l’intention du nabab, il n’aimoit pas assés les Anglois, il les craignoit beaucoup et vouloit nous conserver pour les tenir en respect. Mais de quelle sottise n’est pas capable un esprit aussi foible ! Les menaces redoublées des Anglois soutenues des représentations des Chets, firent enfin ce que je n’aurois jamais cru. Dans le temps que je devois voir l’effet des belles promesses du nabab, je ne fus jamais plus surpris que de m’entendre signifier de sortir promptement de ses provinces, si mieux je n’aimois aller trouver les Anglois. Je répondis que j’étois prêt d’obéir, pourvu qu’on me donnât des passeports et de l’argent ; on me répliqua que je n’aurois rien et qu’il falloit partir. On me demanda quelle route je prendrois, je répondis que j’irois à Patna et, de là, partout où la Providence me conduiroit. Cet ordre me fut donné le 7 Avril ; le lendemain j’eus les passeports nécessaires mais point d’argent ; le nabab me fit dire seulement de me rendre dans un jaguir nommé Phoulvary aux environs de Patna,