Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/206

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où l’on me fourniroit ce dont j’aurois besoin. On me donna quatre ou cinq jours pour m’y préparer.

Le nabab ouvre les yeux sur le danger où il est et paraît vouloir nous soutenir.

Je profitai de cet intervalle pour faire agir le seul homme qui osât parler encore pour nous. C’étoit le Nazerdalel, homme de rien mais en qui le nabab paroissoit avoir quelque confiance. Comme il étoit continuellement à la loge, j’avois eu des occasions de lui découvrir bien des choses qui intéressoient particulièrement le nabab, et à force de politesses accompagnées de présents, je croyois l’avoir mis dans nos intérêts. J’ai sçu cependant peu après qu’il tiroit pour le moins autant des Anglois que de nous. Il fut dire au nabab tout ce qu’il avoit appris de moi, les vues des Anglois, des Chets, les risques qu’il couroit, fit remarquer que les Anglois augmentoient tous les jours la garnison de leur fort de Cassembazard, en faisant venir leurs soldats déguisés sous le nom de déserteurs, qui vouloient passer au service des François. En effet, par ce moyen, beaucoup de soldats avoient passé au travers du camp maure sans être arrêtés. Il étoit aussi question pour lors d’une flotte angloise qui devoit monter et qui n’attendoit que la permission du nabab. Le Nazardalel lui représenta que ces batteaux pouvoient être chargés de munitions de guerre, qu’il falloit les visiter