Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/210

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bazard et de m’opposer autant que je pourrois aux vues ambitieuses des Anglois ; « bon, bon ! que pouvez-vous faire, me répliquent-ils ? vous êtes une centaine d’Européens, le nabab d’ailleurs n’a pas besoin de vous, vous serez forcé certainement de quitter cet endroit. Il vaut encore mieux pour vous accepter le parti que vous offre M. Watts. » Les mêmes qui m’avoient parlé, prirent M. Watts en particulier, je ne scais ce qui fut dit entr’eux, mais un quart d’heure après ils se rendirent dans une autre salle où étoit le nabab.

J’étois dans la plus grande impatience de savoir le résultat de tous ces pourparlers, d’autant plus que par quelques paroles échapées, j’avois lieu de croire qu’on avoit dessein de m’arrêter. Cinq ou six minutes après que M. Watts eût été trouver le nabab, l’Arzbéguy accompagné de quelques djamadars, de l’ouquil des Chets, de celui des Anglois, vint me dire à haute voix en présence de plus de cinquante Maures de distinction, que le nabab m’ordonnoit de me soumettre entièrement à ce qu’exigeait M. Watts. Je lui dis que je n’en ferois rien, et qu’il n’étoit pas possible que le nabab eût donné un pareil ordre. Je demandai à lui être présenté. Le nabab, me dit on, ne veut pas me voir. C’est lui qui m’a fait appeler, répliquai-je, je ne sortirai pas que je ne lui aie parlé. L’Arzbéguy voyant que je n’avois pas envie de céder et que j’étois assés bien accompagné, car dans le même tems on eut avis de l’arrivée de nos grenadiers qui