Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/211

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avoient ordre de venir à ma rencontre. Ennuyés de ne pas me voir paroître, ils s’étoient avancés jusqu’aux portes du palais. L’Arzbeguy[1] ne sachant trop quelle suite auroit cette affaire, voulut tirer son épingle du jeu, et y engager l’ouquil des Chets. « Parlez donc, lui dit-il, cette affaire vous regarde plus que moi. » L’ouquil des Chets voulut dire quelque chose, mais il n’en eut pas le tems. Je lui dis que je ne voulois pas l’entendre, que je ne le connoissois en rien et n’avois aucunement affaire à lui. Là dessus, l’Arzbeguy et lui retournèrent auprès du nabab et lui dirent que je ne voulois pas entendre raison, que je demandois à lui parler. Eh bien, qu’il vienne, dit le nabab, mais qu’il vienne seul. En même tems, on pria M. Watts de se retirer et d’attendre dans un cabinet. L’ordre de paroître m’ayant été donné, je voulus avancer ; autre difficulté, les officiers qui étoient avec moi ne vouloient pas me laisser aller. Grand débat entr’eux et les officiers du nabab. Enfin à force de prières et en les assurant que je ne craignois rien, je les engageai à rester tranquilles et à me laisser aller.

Je me présentai au nabab qui me rendit le salut d’asses bonne grâce ; dès que je fus assis, il me dit d’un air très déconcerté qu’il falloit que j’acceptasse les propositions de M. Watts, ou que je n’avois d’autre parti à prendre que celui de sortir de ses terres. « Votre nation est cause, me dit le

  1. Mirza Goulam houssen.