Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/212

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nabab, de toutes les importunités que je reçois aujourd’hui des Anglois ; je ne prétends pas mettre tout le pays en trouble par rapport à elle. Vous n’êtes pas en état de vous défendre, il faut céder ; vous devez vous souvenir que lorsque j’ai eu besoin de votre secours, vous me l’avez toujours refusé ; vous auriez tort d’en attendre de moi à présent. » Voilà ce que le nabab me dit en maure : on peut le savoir de trente personnes qui étaient présentes et l’on avouera qu’après la conduite que nous avions tenue, je n’avois pas grand chose à répliquer. Je remarquai cependant que le nabab tenoit les yeux baissés et que c’étoit comme malgré lui qu’il me faisoit un pareil compliment. Notre ouquil n’étoit pas trop assuré, je pris la parole et dis au nabab que je serois deshonoré en acceptant les propositions de M. Watts, que puisque le nabab vouloit absolument nous mettre hors de son pays, j’étois prêt à me retirer, qu’ayant les passeports nécessaires pour Patna, j’irois de ces côtés là. À l’eception du nabab et de Cojaouazil, tous s’écrièrent de concert que je ne pouvois pas prendre cette route, que le nabab n’y consentiroit pas. Je demandai quel chemin on vouloit me faire prendre ; on me dit d’aller par [Mednipour ou] Catek. Je représentai que les Anglois pouvoient d’un moment à l’autre se répandre de ces côtés là et tomber sur moi. On me répondit que je me tirerois d’affaires comme je pourrois. Le nabab cependant tenant la tête baissée écoutoit attentivement