Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/218

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Chanspanagor où nous avions fait deux séjours.] J’écrivis au nabab que j’étois disposé à descendre, mais qu’il me falloit de l’argent pour payer la troupe.

Le 6 may, de grand matin, je reçus un second paravana qui m’ordonnoit de ne pas venir à Morshoudabad mais de rester à Rajemolle où il y Mai 1757.      avoit une forteresse et des troupes. Comme je n’avois encore aucun avis de Cassembazard, la lettre du nabab ne fît qu’augmenter mes soupçons, et pour nous mettre en sûreté, je pris le parti de m’approcher encore plus de Patna et de passer la forteresse de Mongheres où nous arrivâmes le sept.

C’est là qu’enfin par plusieurs lettres, j’appris le détail de ce qui s’étoit passé depuis notre départ de Cassembazard. Le nabab avoit reçu des lettres fulminantes des généraux anglois, sur la facilité avec laquelle il nous avoit laissé partir. Ils soutenoient que le nabab avoit manqué à sa parole et le menaçoient de la plus terrible vengeance, s’il ne faisoit courir sur nous. Le nabab intimidé avoit été vingt fois sur le point de les satisfaire ; de là, probablement venoient ces lettres qu’il m’écrivoit pour me demander pourquoi je marchois et ensuite pourquoi je ne marchois pas.

Les Anglois cependant faisoient monter beaucoup de bateaux dans lesquels, au lieu de marchandises, les arcaras du nabab rapportèrent qu’il y avoit des munitions de toutes espèces destinées