Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/219

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sans doute pour le fort de Cassembazard, le tout bien caché sous des sacs de poivre et autres grains. L’avis, autant que j’ai sçu, n’étoit pas mal fondé et méritoit une sérieuse attention. Le nabab donna ordre de les faire arrêter. De plus les Anglois animés par les Chets l’importunoient sans cesse par des demandes outrées, fondées, disoient-ils, sur le traité de Calcutta. Des bagatelles qui malheureusement avoient été enlevées à la prise de Cassembazard ou de Calcutta faisoient des objets de plusieurs milliers de roupies.

Ce qu’il y a de plus singulier dans toute cette manœuvre, c’est que le nabab n’auroit pas été le maître d’accorder toutes les demandes des Anglois, quand bien même il y auroit été porté d’inclination. Les Chets s’y seroient opposés, ayant leur grand projet, la destruction du nabab, à exécuter. Ils auroient été au désespoir que les Anglois entièrement satisfaits eussent pu se persuader que le nabab agissoit de bonne foy avec eux. Aussi lorsque ce nabab les consultoit sur toutes ces demandes, ce n’étoient pour réponses de leur part que des marques de la plus vive indignation. Ils n’omettoient rien qui put l’animer de plus en plus contre eux.

Cette duplicité des Chets étoit quelque fois difficile à soutenir. Il y avoit des moments critiques ; entrautres sur certaines demandes, on fut obligé de faire voir au nabab un papier scellé des Chets pour lui prouver qu’il s’étoit engagé à