Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/220

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les accorder. Le nabab piqué déclara que son intention n’avoit jamais été de s’engager si avant et accusa les Chets de l’avoir trahi. Ceux-ci craignant la tempête, rejetèrent la faute sur leur ouquil. Le fameux Rongetraie fut chassé honteusement du dorbar, banni et assassiné sur la route. On disoit qu’il avoit reçu deux laks des Anglois pour appliquer le sceau de ses maîtres à leur insçu. J’ai de la peine à le croire, cet ouquil n’étoit attaché aux Anglois que par ce qu’il savoit bien que les Chets leur étoient entièrement dévoués. Quoiqu’il en soit, le nabab outré de la manière dont on agissoit avec lui avoit fait sortir ses tentes, et, résolu de ne plus ménager les Anglois, il avoit pris le parti de nous rappeler. Mais tout n’étant pas encore bien préparé pour l’exécution du grand projet, les Anglois et les Chets crurent à propos d’adoucir encore pour quelque tems l’esprit irrité du nabab qui, nous ayant auprès de lui, pouvoit prendre des arrangements préjudiciables à leurs intérêts. En conséquence sous prétexte de conserver la tranquilité des provinces, de témoigner au nabab les dispositions favorables où l’on étoit pour lui, les Anglois voulurent bien déclarer qu’ils ne pensoient plus à fortifier leur loge de Cassembazard, à augmenter leur garnison, ni même à la demande tendante à ce que le nabab livrât tous les François, mais à conditions qu’on nous forceroit de nous éloigner, que le nabab congédieroit son armée de Palassy, et qu’il rendroit au Gange son