Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/230

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et enterré auprès de son grand oncle Alaverdikhan.

Telle fut la fin de Souradjotdola, à la fleur de son âge, ayant à peine 25 ans ; fin digne d’une vie qui avoit été passée dans la violence et dans le sang. Il étoit naturellement téméraire, sans courage, entêté, sans résolution, concevant le plus vif ressentiment pour la moindre chose et souvent sans aucun sujet, livré à toutes les variations que le tumulte des passions souvent opposées l’une à l’autre peut produire dans un esprit faible, fourbe plutôt de cœur que de l’esprit, sans foi, sans égard pour les serments qu’il faisoit et violoit avec la même facilité ; la seule excuse qu’on peut donner en sa faveur est que dès l’enfance le jeune homme avoit eu sans cesse la souveraineté devant les yeux ; point d’éducation, point de leçons qui eussent pu lui apprendre ce que c’est que d’obéir et après tout il ne vécut pas assez pour atteindre une certaine expérience qui peut-être l’auroit rendu meilleur, peut être aussi plus mauvais. Son règne ne fut que de 14 mois ; dans ce court espace, on peut dire qu’il eut très peu de repos, n’en permit aucun à ses sujets, et, avec une autorité sans bornes, des richesses immenses, ne put parvenir à être servi ni même à se faire un seul ami dont les sages conseils auroient pu lui faire éviter ses malheurs. Je ne crains point d’être contredit sur ce portrait de Souratjotdola ; il n’est qu’une copie de celui qu’en font la mémoire angloise. Finissons par