Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/241

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Abdaly n’eût pas le tems de faire le siège de la forteresse, étant rappelé dans son pays à cause des troubles du côté de la Perse. Sur quoi le vizir arrêté dans son projet par le nabab de Laknaoo Soudjaotdola, retourna à Delhy.

Caractère de Soujaotdola.

Soudjaotdola, fils de l’ancien vizir Mensouralikhan, vice roi des trois soubahs Laknaoo, Aoud et Eleabad, est le plus bel homme que j’aie vu dans l’Indoustan. Il l’emporte par la figure sur le vizir Ghazioudinkhan qui est petit et, je crois, par les qualités du cœur ; mais aussi doit-il lui céder pour tout ce qui a rapport à l’esprit. Après tout ce que j’ai dit au sujet du vizir, on doit bien penser qu’il n’y avoit pas grande amitié entre ces deux seigneurs, [quoiqu’ils eussent été élevés ensemble]. Ennemis l’un de l’autre autant par inclination que par intérêts, ils ne cherchoient que l’occasion de se détruire, mais ils se craignoient réciproquement et par politique étoient obligés souvent de paroitre en bonne intelligence. L’intérêt de Soudjaotdola demandoit qu’il ne s’engageât dans aucune forte entreprise pour pouvoir réparer ses finances réduites presque à rien par la dernière guerre de Mensouralikhan son père. Il se voyoit condamné à une tranquillité qui ne convenoit guères à son naturel fougueux. Aussi laissoit-il à la Bégome sa mère, aidée de quelques fidèles ministres le soin des affaires qui exigeoit une applica-