Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/243

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le chef de tous les Djates. Cette caste n’est pas aussi étendue que celles des Marattes, mais aussi puissante que celle des Rajepoutes et aussi distinguée par son courage. Elle formoit autrefois la garde particulière des empereurs et peut se présenter dans le besoin avec cent mille combattants. On a vu ci-devant la partie de l’Inde qu’elle habite. C’est le peuple de l’Inde que j’ai connu le plus superstitieux. Sa politique particulière m’a paru être jusqu’à présent d’éviter autant qu’il est possible de se déclarer [pour tel ou tel parti], se contentant de servir ou desservir secrètement les puissances soit gentiles, soit mahométanes dont il est environné, selon que son intérêt propre le demande. Mais il est bon de remarquer que cet intérêt le cède bien souvent à un autre plus général que les princes gentils ont entr’eux et qui tend directement contre les princes Mahomètans. Ils seroient charmés de voir renaître ce tems dont le souvenir se conserve précieusement chez eux, où le Mahométisme tout à fait inconnu, ils se voyoient indépendants ou du moins exemps de rendre compte à un prince dont ils détestent la religion autant qu’ils la méprisent. Aussi voit-on rarement un prince gentil s’allier à une puissance mahométane, dans le dessein de détruire un autre prince gentil. Il s’en faut de beaucoup qu’il y ait un pareil motif de religion entre les princes mahométans. Ils sont trop jaloux les uns des autres et trop attachés à leurs intérêts particuliers. C’est à