Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/264

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fut décidé que le raja étant lui-même dans l’embarras par la dissipation de ses finances et le mauvais état de son armée, il étoit à propos pour sa sûreté et pour la mienne que je quittasse son pays, pour me rendre à Eleabad, que le raja lèveroit toutes difficultés en me donnant des rameurs. En conséquence, ce même officier du raja fit assembler nos rameurs qui demandèrent à grands cris à plaider leur cause devant le raja, et pour cet effet consentirent à monter un peu plus haut auprès de la forteresse où le raja s’étoit retiré. Comme ce raja s’étoit chargé de me fournir des rameurs, l’affaire ne me regardoit pas. J’étois tranquille ; cependant c’étoit là où sa fourberie nous attendoit. Il y a apparence que son officier avoit lui-même engagé les rameurs à demander de paroitre devant le raja. Peut-être croyoit-il que la vue de la forteresse devant laquelle il falloit passer, nous épouvanteroit. Nous y mouillâmes le 14 [août] au matin.

Un moment après, je vis paroitre trois ou quatre officiers du raja, accompagnés du Portugais de mauvais augure. Après avoir répété tout ce qui avoit été dit chez le Pyr, ils ajoutèrent que le raja ne pouvoit se déterminer à nous voir partir, qu’il étoit de son honneur de secourir des étrangers qui s’étoient réfugiés chez lui ; il ne s’agit, dit le Portugais, que de vous débarasser de vos ennemis, restez tranquilles dans l’endroit que le raja fixe pour votre séjour, il va marcher lui-même ; il faut