Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/265

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que vous lui donniez cinq pièces de canons et deux Européens par pièce ; le tout vous sera rendu fidèlement. Dès que j’entendis parler de nos canons je reconnus toute la mauvaise foy du raja ; je savois d’ailleurs par mes espions que les Anglois étoient encore bien éloignés des limites du pays. Je répondis que mon parti étoit pris d’aller à Eleabad ; sur quoi le Portugais répliqua que nous n’aurions point de rameurs. Le même jour, nous aperçûmes quantité de fusiliers qui défiloient de tous côtés pour se rendre à la forteresse. Nous vîmes aussi beaucoup de cavaliers qui s’assembloient. L’affaire pouvoit devenir sérieuse.

Le 15 août de grand matin, on vint me dire de la part du raja de partir sur le champ, puisque nous ne voulions pas écouter ses propositions Je reçus très mal l’envoyé. En même tems je fis mettre à terre du canon, et toute la troupe qui fît l’exercice et passa en revue. Je ne sçais si ce tamacha[1] que le raja n’avoit jamais vu fit quelque impression sur son esprit ; mais le soir même il m’envoya un passeport en bonne forme avec bien des excuses de ce qu’il ne pouvoit trouver des rameurs. Heureusement les nôtres étoient entrés en composition ; tant par promesses que par menaces, nous étions venus à bout de les engager de nous conduire jusqu’à Eleabad.

Le 16 Août, nous partîmes enfin de Bénarès,

  1. Voyez le mot à la table d’explications.