Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/272

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des petites villes, bourgs et villages un peu éloignés de la résidence du soubahdar sont presque tous chefs de voleurs, particulièrement dans l’Indoustan.

Laknaor, capitale du soubah de ce nom, est à 80 cosses au nord d’Eleabad, de l’autre côté du Gange éloigné de ce fleuve d’environ 22 cosses. Le pays est beau et d’une grande fertilité. Mais que doit-on attendre de la meilleure terre sans culture ? C’étoit le sort de cette province particulièrement et d’une bonne partie de celle d’Aoud, d’avoir été épuisées par les guerres de Mensouralikhan. Ce seigneur avoit laissé en mourant le trésor vide et beaucoup de dettes. Soudjaotdola, son successeur, crut pouvoir satisfaire ses créanciers, tous officiers de l’armée, en leur délivrant des rescriptions sur diverses zemindareries. Cette voye demandoit trop de tems pour des militaires. Bientôt chaque officier devint le fermier ou plutôt le tiran des aldées qu’on lui avoit abandonnées. Les exécutions violentes le remboursèrent en peu de tems au delà même de ce qui lui étoit du, mais le pays en souffroit. L’habitant maltraité se retira et les terres demeurèrent incultes. Le mal auroit été réparé, le bon ordre rétabli par Soudjaotdola qui commençoit à rappeller les habitants ; mais un mal contre lequel la prudence humaine ne peut rien acheva de tout perdre. Depuis deux ans des nuages de sauterelles passoient régulièrement avant la moisson et réduisoient à rien l’espérance