Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/279

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en caisse en y comprenant cinq mille roupies que je venois de recevoir du Bengale pouvoit suffire jusqu’à la fin de Novembre. Que faire après ? Je comptois, il est vrai, recevoir encore quelques milliers de roupies d’un dépôt qu’avoit fait M. de la Breteche, chef du comptoir de Patna. Mais cette ressource manquant, ce qui pouvoit bien arriver dans un tems de trouble, la seule qui me restoit étoit Mahmoudcoulikhan. Je ne pouvois me flatter de recevoir de nos établissements à la côte des secours asses promps pour prévenir le malheur que je craignois ; je ne pouvois non plus prendre tout d’un coup la route du Dekan ; nous manquions de tout ce qui étoit nécessaire pour un tel voyage. Les seuls préparatifs auroient épuisé la caisse. D’ailleurs comment nous éloigner du Bengale dans un tems où tout sembloit nous annoncer l’arrivée prochaine de nos forces ? Comment renoncer légèrement à la flatteuse idée de contribuer au rétablissement de nos affaires ? Il falloit du moins attendre jusqu’à savoir le vrai ou le faux des nouvelles répandues ; enfin par un enchaînement de causes, de raisons plus ou moins fortes, je me vis au commencement de Décembre sans le sol. Point de nouvelles de la côte ni du Dékan, nos espérances dans le Bengale réduites à rien. On me promettoit bien sous peu quelque argent ; mais ce sous peu pouvoit aller à plus d’un mois.