Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/280

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Embarras où je me trouve sans argent.

Le 15 Décembre approchoit, jour du prêt. J’avois avec moi sans compter l’état major près de 175 Européens et 100 cipayes. Il n’y avoit pas de tems à perdre, il me falloit de l’argent ou me résoudre à voir tout mon monde se disperser. Pour surcroît de malheur, Mahmoudcoulikhan faisoit la sourde oreille. On ne répondoit à mes demandes que par de nouvelles promesses qu’il étoit résolu de ne point tenir. De nouvelles circonstances avoient changé ses idées. Je m’adressai aux saokars (banquiers) de l’endroit et à ceux de Bénarès ; je vis bientôt qu’il n’y avoit rien à espérer d’eux. J’offris des lettres de change sur Pondichéry, sur Masulipatam, sur M. de Bussy, même sur Salabetjingue ; on refusa toutes mes propositions, un seul saokar à la fin se présenta, qui après mille protestations de services termina ses offres par me dire qu’il me prêteroit volontiers sur gages, ne doutant pas que je n’eusse avec moi quelques bijoux ou autres effets précieux, mais le peu que j’avois qui consistoit en quelques montres et quincailleries n’eût pas le bonheur de lui plaire. Me voilà donc à la dernière extrémité. Il étoit décidé que ce seroit un marchand mogol qui m’en tireroit et, qui plus est, un fripon.

J’appris bientôt que cet homme avoit un parti de châles à vendre ; m’étant assuré que le saokar