Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/282

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Ce que je trouvai de plus singulier dans cette aventure, c’est que ce Mogol, sans vouloir se justifier n’avoit autre chose à dire, sinon qu’il avoit toujours cru que les Européens n’avoient qu’une parole ; preuve de la bonne idée qu’on avoit encore des Européens, mais dont on est bien revenu, je crois, à la côte, dans le Dékan, dans le Bengale, et je peux dire dans bien d’autres endroits où j’ai été ; mais ce n’est pas ma faute. J’ai été souvent obligé de faire des promesses, de prendre des engagemens que je croyois à la vérité pouvoir tenir, mais qu’une suite d’événements malheureux a mis dans l’impossibilité d’être exécutés ; au surplus mon affaire avec le marchand mogol étoit d’une autre nature, il n’étoit pas difficile de lui prouver que je n’avois pas manqué à ma parole, puisqu’en me remettant entièrement à sa bonne foy, elle n’avoit été que conditionnelle.

Nous entrions dans l’année 1758 et je n’avois pas encore reçu le moindre mot soit de Janvier 1758.      M. Leirit soit de M. de Bussy. J’étois toujours en grande correspondance avec le vizir de qui j’avois reçu, depuis mon retour à Eleabad les plus belles promesses du monde pour m’engager à l’aller trouver, mais point d’argent. J’avois beau lui représenter que sans ce métal il ne m’étoit pas possible de me mettre en route ; il trouvoit toujours quelque faux-fuyant, ce qui pouvoit être dû aux intrigues d’un certain Zoulfekaralikhan.